L’album

Sirocco, intense et délicat dans son approche de l’héritage laissé par une absente, la même que Les Goélands qui figurait sur l’opus précédent.
Expressionniste Céline Ollivier est animée par une douceur et une fermeté propres à inverser les pôles. Les chansons surgissent tel un carnet de bord épistolaire, les éléments naturels jouent
les intercesseurs.
Ici une missive déboussolée adressée au père D’Aussi Haut, là une main tendue vers une réconciliation L’Embellie ou une offrande touchante à ceux qui ne savent plus pleurer Les Larmes Faciles.
Aussi, et pour la première fois dans son répertoire, une prise de parole dénonciatrice et consciente tournée vers la responsabilité de l’Homme, L’Odyssée, Le Silence des Hommes.
Ailleurs, elle se réfugie derrière les mots de Robi, change de peau et s’inscrit en interprète de dentelle À ma Mémoire. Définitivement, Céline Ollivier sait faire tenir dans l’espace
réduit d’une chanson effusion contenue et élégance hypnotique.

« Céline Ollivier est un trésor caché de la chanson française »

Écouter ce nouvel album Sirocco, c’est plonger dans une bulle ardente et caressante à la fois.
Une voix désormais amie, rassurante, réconfortante, confidente, précieuse.
Un chant d’âme qui émet pudeur et volupté, procure vertige et refuge.
Un phrasé souple et fluide, tout en inflexions tendres.
Céline Ollivier est un trésor caché de la chanson française, tenue en haute estime par ses pairs, invitant JP Nataf, Clarika, Robi, Alex Beaupain à partager la scène avec elle sur l’album précédent.

Elle préfère l’application et la quête du sentiment juste plutôt que la fougue des premiers jets. Elle dit aimer la voix Pauline Croze (même limpidité mélodique) Dominique A, Leonard Cohen, Lhasa. Peut-être aussi regarder du côté de Françoise Hardy pour la sincérité angoissée, la mélancolie mordante et l’éclat indiscutable du chant.

Pas de trace de sensiblerie chez Céline Ollivier ni de chantage émotionnel.

Plutôt un questionnement intranquille, et de l’intime. Si effraction il y a, elle est opérée à pas feutrés.

Pas de tromperie, non plus, lorsqu’elle appelle son album SIROCCO.
Parce que s’abat sur cette troisième salve de morceaux, un vent chaud.

Souffle qu’elle étreint de l’intérieur et de l’extérieur.

Souffle d’avenir, de liberté, d’amour – pour faire de la place à l’Autre.

Souffle continu, doux, terrassant.

Souffle relié au monde.
Souffle des nouveaux départs.

On y retrouve Martin Gamet, transfuge de la sphère de Camille et fidèle depuis La Femme à l’Eventail (son 1er album) mais aussi Alexis Campet, génial arrangeur où d’entêtantes mécaniques de piano préparés et des emboitements de claviers se taillent la part de lion.